III - Publiphones à pièces

(homologués PTT)

En 1970, la concession accordée depuis 1923 par l’administration des PTT à la Compagnie le Taxiphone (renommée dans les années 1960 SAFAA : Société Anonyme Française des Appareils Automatiques) n’est pas reconduite. L’Administration reprend en main, pour approximativement 4 petites années la conception, la fabrication, la maintenance, la gestion et l’exploitation des cabines téléphoniques relevant de sa responsabilité.

Ainsi, dès lors que la convention d'avec la Compagnie du taxiphone est dénoncée, nous employons désormais par convention le terme Publiphone pour qualifier les appareils téléphoniques à prépayement.

Durant cette courte période, seul un modèle de publiphone sera produit par les ateliers centraux des PTT. Mais ce modèle présente de très importantes améliorations techniques qui renvoient les appareils de la Compagnie le Taxiphone au musée.

Effet, ce modèle, étudié par le CNET, est pourvu du circuit téléphonique de base du S63 autorégulé et comprend, comme son prédécesseur, le Type 700, un triple monnayeur à 3 fentes (20c, 1/2F et 1F), mais celui-ci est désormais pourvu d’un calculateur interne entièrement réalisé sous forme électronique à semi-conducteurs, de surcroît à circuits intégrés de type CMOS (série 4000 à faible consommation), fait de première importance à cette époque. Les systèmes mécaniques de comparateurs de taxes de type "horlogerie" tels qu'implantés dans le Type 700 sont alors remplacés par ce mini-calculateur entièrement électronique très fiable.

Tout comme ses prédécesseurs fabriqués par la Compagnie le Taxiphone, la tonalité est obtenue dès le décrochage du combiné sans introduction d'argent. Il faut d'abord décrocher le combiné puis numéroter immédiatement, et une fois que l'on a obtenu son correspondant, l'usager dispose d'un délai de 5 à 10 secondes pour introduire la monnaie dans cet appareil, sous peine d'être coupé dans le cas contraire. Durant ce laps de temps de quelques secondes, le microphone du publiphone est shunté, ce qui empêche toute conversation.

Ce bel appareil novateur, pourvu de 3 circuits imprimés, bien que renforcé par rapport aux précédents, sera pourtant la première victime de l’installation en pleine ville sur la voie publique des cabines téléphoniques laissées de facto sans surveillance… Dès 1977-78 ils seront tous démontés de leurs beaux habitacles faits de tubes en acier chromé recourbés en arceaux et d’épaisses vitres de verre brun fumé typique de l'époque Pompidou. Ces publiphones sont d’ailleurs introuvables (si introuvables que l’on n’en voit jamais sur les sites d’annonce ou d’enchères, depuis qu’Internet a été ouvert au public : nous mettons au défi quiconque en possède un de nous contacter - défi que j'aimerais vraiment perdre.)

L’ordre d’encaissement est envoyé par la ligne téléphonique de manière automatique par le commutateur de rattachement, à la fréquence modulée en mode commun de 50Hz par rapport à la terre ou de 12kHz entre les 2 fils de la ligne téléphonique.

Attention, cet appareil ne rend pas la monnaie des pièces inutilisées, donc il ne fallait pas introduire trop de monnaie d’avance !

Concernant les publiphones interurbains fabriqués par l’administration, seul a existé le type suivant :

- Type BRIEND, interurbain automatique à monnaie, via 3 sélecteurs de pièces différentes 20c Lagriffoul, 1/2F et 1F semeuse Roty (1971) équipé d’un circuit téléphonique identique à celui des postes agréés S63, à calculateur d’encaissement entièrement électronique, dont les circuits intégrés constitutifs sont de la famille CMOS-4000 afin de réduire drastiquement la consommation électrique au strict minimum (un solide tour de force du CNET en 1971).

Nota : le bouton noir présent sur le publiphone est désormais un bouton de déblocage des sélecteurs de monnaie, au cas où une pièce se coince dans un canal de sélection au cours d'un éventuel incident. En service normal, sans incident, il n'a pas d'utilité.

Ci-contre : collection personnelle C. R-V.

PubliphoneBriend1972RizzoRestaure

  • Appareil baptisé ainsi par l’administration en l'honneur de M. l’Ingénieur en Chef des PTT - Jean Briend, grand expert de la taxation et des taxiphones reconnu de tous.
  • Ce modèle d'une grande rareté constitue l'appareil de transition entre la fin de la période Compagnie le Taxiphone / SAFAA et l'arrivée de nouvelles sociétés dans ce domaine spécifique.
  • Le Type BRIEND est aussi le dernier appareil à prépaiement usiné de manière semi-artisanale, à partir de pièces forgées une-à-une, en petite série et rectifiées main. 
  • Ainsi, l'on ne puisse pas interchanger par exemple une porte de caissette pour un autre appareil, un capot de compartiment technique pour un autre, etc... Tout est ajusté et appairé pour un seul appareil à la fois. 
  • Une véritable pièce de choix à posséder après toutes ces années...

1977.03.14CabineBriendNumCnet005678

Ci-dessus : Publiphone Type BRIEND modifié avec clavier à touches.

Photographie PTT - 14 mars 1977 - Coll. Orange DANP.

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1977.03.14CabineBriendNumCnet005676

Ci-dessus : cabine téléphonique de type Paris, équipée avec Publiphone Type BRIEND modifié avec clavier à touches.

Photographie PTT - 14 mars 1977 - Coll. Orange DANP.

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En 1971, l’administration des télécommunications lance un concours car elle décide de déléguer la fabrication (et seulement la fabrication) des publiphones à plusieurs sociétés et ne plus se retrouver liée à une unique société dans une situation de monopole de fait.

Publiphone Urbain Automatique

Bien que continuellement en décroissance au profit des publiphones interurbains automatiques, un modèle de publiphone urbain automatique a été commandé par l'administration. Il était notamment utilisé en doublon à côté des publiphones interurbains, pour aider à l'écoulement du trafic local.

- Type TE432 urbain, automatique à monnaie de 1F Roty, avec bouton d'encaissement (1971), équipé d'un circuit téléphonique identique à celui des postes agréées S63. 

Fabriqué par la société Landis & Gyr.

Pourvu d'une fenêtre permettant de visualiser le passage de la monnaie.

Ci-contre : © Photographie C. R-V. Avec l'aimable autorisation de la Collection Historique Orange.

TaxiphoneTE432


Publiphone Interurbain Automatique

Suite à la perte de la concession par la SAFAA (Compagnie le Taxiphone) en 1970, l'administration a acheté à la Bell Telephone Manufacturing Company un modèle de publiphone urbain compact.

- Type Bell interurbain, automatique à monnaie, via 3 sélecteurs de pièces différentes 20c Lagriffoul, 1/2F et 1F semeuse Roty (1965) équipé d’un circuit téléphonique semblable à celui des postes agréés S63.

Taxiphone fabriqué par la Bell Telephone Manufacturing Company (Belgique) parfois utilisé en France, probablement utilisé dans les aéroports ou certains bars. Modèle utilisé notamment en Belgique et au Luxembourg, Europe du nord...

Introduit en France à partir de 1970 après la fin de la concession accordée à la SAFAA (Compagnie le Taxiphone)

TaxiphoneTypeBell1

Ci-contre : © Photographies C. R-V. Avec l'aimable autorisation de la Collection Historique Orange.

TaxiphoneTypeBell2


En 1974, l'appel d'offre échoit aux sociétés Landis & Gyr et SMH (Société des Machines Havas), (ainsi que Crouzet qui se lancera ultérieurement dans le téléphone public en 1977), qui fabriqueront des appareils encore plus robustes et de grande fiabilité, en faisant place à l'emploi de l'électronique miniaturisée - circuits intégrés en boîtier DIL-, jusqu'à un microprocesseur pour l'ultime publiphone à pièces produit en France...

La fabrication des carrosseries sera industrialisée et rationalisée, il s'agira désormais d'assurer une grande production pour combler le retard français des télécommunications qui concernait également le Téléphone Public.

La résistance au vandalisme sera sans cesse revue et augmentée durant toutes les années septante et octante : ce sera la course entre les ingénieurs des PTT et les vandales et autres fraudeurs associés, qui battra son plein lorsque les publiphones seront installés dans les rues des villes et surtout des grandes villes.

  • - qui cassaient pour le plaisir ces appareils de plus en plus coûteux,
  • - qui inventaient des combines de grivèlerie pour téléphoner gratuitement en profitant de la moindre faille technique du réseau téléphonique ou des publiphones, (fraude au 50Hz, pièces de monnaie attachées à un fil, plus tardivement composeur automatiques de numéros externes à fréquences vocales...) .
  • D'ailleurs, nous possédons copie d'une petite collection de notes de service de correctifs suite à fraudes aussi diverses que l'est l'humanité toute entière sur ce vaste sujet qu'est la fraude...
  • - qui escroquaient les clients en récupérant leur monnaie subrepticement, par le biais notamment d'objets volontairement coincés dans les sébiles de rendu de monnaie,
  • - qui volaient la caissette à monnaie en forçant la machine par effraction avec massues et burins...
  • - qui volaient tout l'appareil avec tout l'habitacle, avec un tracteur et une grosse corde placée comme un lasso ; par exemple, dans les zones rurales... (oui, il y a même eu cela !)

1974PrototypeTE74

Ci-dessus : prototype du Publiphone à pièces produit par Landis & Gyr retenu par l'Administration des Télécommunications en 1974. 

  • À noter la plaque signalétique qui sera modifiée, la serrure qui sera renforcée, ainsi que la couleur marron qui ne sera pas retenue par l'Administration - mais que Landys & Gyr conservera pour ses TE74 en exploitation privée (dans les bars par exemple).

Photographie PTT - 1974 - Coll. C. R-V.

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Grande évolution : ces nouveaux appareils sont désormais pourvus de canaux d'accumulation de pièces de monnaie, et ainsi donc, l'usager peut sans crainte provisionner l'appareil avec plusieurs pièces d'avance, car désormais, en cas de trop perçu, ces nouveaux publiphones rendent la monnaie au raccrochage du combiné.

Grâce à la présence des canaux d'accumulation des pièces de monnaie, le fonctionnement de ces publiphones à prépayement prend un cadencement plus logique que les prédécesseurs interurbains : d'abord décrocher le combiné, puis introduire la monnaie pour obtenir la tonalité, puis enfin numéroter.

T820&900EtablissementCummunication


Concernant les publiphones interurbains à monnaie fabriqués par les sociétés Landis & Gyr, Satman, et Crouzet, ont existé les types suivants : 

  • T800 et T820 conçus initialement par la Société des Machines Havas (qui soutraitait l'électronique à la société TELIC-Alcatel et l'assemblage à la société SATMAN)
  • T900 conçu et fabriqué par Landis & Gyr. 

La gamme T800 ( puis T820) sont des d'appareils très différents du T900, bien que l'administration des télécommunications ait imposé aux deux sociétés conceptrices, lors de l'appel d'offres, d'utiliser le même habillage externe afin de ne pas désorienter les usagers. 

  • L'habillage retenu (carrosserie) est celui conçu par Landis & Gyr.

En plus d'être des modèles interurbains, ces Publiphones sont utilisables pour téléphoner à l'international, en raison de la présence d'un canal monnaie de forte valeur (5 francs).

Le poids de ces appareils est de l'ordre de 35 kg.

- Type 800 interurbain à cadran, automatique, à monnaie, via 4 sélecteurs de pièces différentes 20c Lagriffoul, 1/2F et 1F et 5F semeuse Roty (1974) équipé d’un circuit téléphonique identique à celui des postes agréés S63.

Cet appareil est pourvu de vitres en plastique renforcé permettant de visualiser le parcours des pièces de monnaie dans la machine, avant encaissement éventuel.

Les T800 les plus anciens sont peints en gris bleuté.

L'usager est prévenu d'une éventuelle coupure de ligne quelques secondes à l'avance par un signal lumineux à Diode LED.

Au niveau architecture électronique, il est de conception entièrement modulaire, via un jeu de 7 sous-ensembles séparés enfichables sur 7 circuits imprimés séparés. Ce principe avait été retenu pour faciliter la maintenance.

Marché du 9 août 1974, livré neuf jusqu'en Mars 1977.

PubliphoneType800

L’ordre d’encaissement est envoyé à la fréquence modulée en mode commun de 50Hz par rapport à la terre, ou en 12kHz modulés entre les deux fils de la ligne téléphoniques, par le choix entre deux types de platines de taxation.

Poids : 35kg.

Nota : cet appareil sera rapidement remplacé par une version améliorée mais extérieurement identique : le Type 820, qui reprendra l'essentiel de son architecture et de son fonctionnement, mais l'accessibilité aux différents organes a été améliorée.

(le numéro de nomenclature des PTT est 277-800)

1976.04CabineParisChampsElyseesNum76.48C

Ci-dessus : cabine téléphonique de type Paris, pourvue d'un publiphone Type 800 sur l'avenue des Champs-Élysées, à Paris.

Photographie PTT - Avril 1976 - Coll. Orange DANP.


- Type 820 interurbain à cadran, automatique, à monnaie, via 4 sélecteurs de pièces différentes 20c Lagriffoul, 1/2F et 1F et 5F semeuse Roty (circa 1977) équipé d’un circuit téléphonique identique à celui des postes agréés S63 autorégulés.

Comme son prédécesseur, cet appareil est pourvu de vitres en plastique renforcé permettant de visualiser le parcours des pièces de monnaie dans la machine.

Par rapport à son prédécesseur, la serrurerie du compartiment de caisse a été renforcée, et les sélecteurs de monnaie ont été fiabilisés.

Il reprend aussi la même architecture électronique de conception entièrement modulaire, via un jeu de 7 sous-ensembles séparés enfichables sur 7 circuits imprimés séparés, dont certaines cartes électroniques sont cependant modernisées.

Ce modèle est livré neuf jusques en 1983.

Environ 50.000 Publiphones Type 820 furent installés en France. 

Le concepteur du Type 820 est la société SMH. (Société des Machines Havas)

Poids : 35kg.

Homologation du 10 novembre 1976, livré à partir de Mars 1977.

(le numéro de nomenclature des PTT est 277-820)

PubliphoneTypeT820

Tout comme son prédécesseur, le Type 820 est pourvu, au choix, selon le type de centre téléphonique auquel il est rattaché :

- soit d'un module sur circuit imprimé permettant la réception de la taxation en mode commun à 50Hz classique,

- soit d'un module sur circuit imprimé permettant la réception de la taxation du tout nouveau type à 12kHz, appelé à remplacer après 1983 la taxation à 50Hz.

T820Interieur

Ci-dessus : vue intérieure typique des publiphones T820. Nous pouvons reconnaître la structure modulaire très morcelée de l'appareil, avec les 7 circuits imprimés enfichables.


- Type 900 interurbain à cadran, automatique, à monnaie, via 4 sélecteurs de pièces différentes 20c Lagriffoul, 1/2F, 1F et 5F semeuse Roty (1974) équipé d’un circuit téléphonique identique à celui des postes agréés S63 autorégulé.

Ultérieurement, les monnayeurs de certains appareils ont été adaptés et réorganisés pour les pièces 1/2F, 1F, 2F et 5F.

Cet appareil est pourvu de vitres en plastique renforcé permettant de visualiser le parcours des pièces de monnaie dans la machine.

L'usager est prévenu d'une éventuelle coupure de ligne quelques secondes à l'avance par un voyant à volet.

Bien que l'aspect extérieur soit identique aux T800 et T820, l'architecture interne du T900 est différente : il n'est équipé que de 2 gros circuits imprimés : 1 carte logique et 1 carte analogique.

Sur la carte analogique doit être enfiché le détecteur de taxe (un petit circuit imprimé de quelques centimètres carrés), qui sera ou du type 50Hz ou du type 12kHz, au choix du propriétaire (l'administration en général).


1982PubliphoneType900Ph8594

Ce modèle est livré neuf jusques en fin 1984.

Environ 170.000 Publiphones Type 900 furent installés en France.

Conçu par Landis & Gyr, le Type 900 a été fabriqué principalement par Landis & Gyr, ainsi que par Crouzet en seconde intention.

Poids : 35kg.

(le numéro de nomenclature des PTT de cet appareil est 277-900, puis ultérieurement il devient 720-837T pour le modèle avec récepteur de taxes 50 Hz et 721-122N pour le modèle avec récepteur de taxes 12 kHz)

Ci-dessus : Publiphone Type 900. Photographie Orange-DGCI - 1982.

197XPierreMondyPubliphoneT900Film

Ci-dessus : le regretté Pierre Mondy dans une cabine téléphonique d'un publiphone Type 900, dans un film...

 Photographie X. Coll. C. R-V.

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Nota : si vous pensez savoir de quel film ce cliché est tiré, merci de me prévenir par formulaire contact. Il ne s'agit pas de "Le Téléphone Rose".

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1985.06UsineCrouzetChaineType900n1879

Ci-dessus : Publiphones Type 900 en cours de fabrication à l'Usine Crouzet de Granges-lès-Valence.

Photographie PTT - Juin 1985 - Coll. C. R-V.

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- Type 900 modifié : interurbain mais désormais avec clavier anti-vandales renforcé en acier inox, à monnaie, via 4 sélecteurs de pièces différentes 1/2F, 1F, 2F et 5F semeuse Roty.

Les 4 sélecteurs de pièces ont été modifiés dans les années 1985-90 pour éliminer la pièce de 20 c Lagriffoul, et accueillir la pièce de 2F semeuse Roty.

(le numéro de nomenclature des PTT de cet appareil est 277-900)

PubliphoneTypeT900tardif

le Type 900, lorsqu'il n'est ni commandé ni exploité par l'administration des télécommunications, est connu sous le Type TE74.

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Type 900 Handicapés (Prototype)

1980PrototypeT900Handicapes

ci-dessus : très rare prototype de Publiphone à pièces de Type 900 adapté aux handicapés, installé à Gergy-Pontoise.

Photographie PTT - Décembre 1984 - Coll. C. R-V.

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Notes générale sur les trois publiphones à cadran T800, T820 et T900 fabriqués par les sociétés Landis & Gyr, SMH ou Crouzet :

  • - leur carrosserie est réalisée en fonte d'aluminium de 4,5 mm d'épaisseur,
  • - le poids est de 35 kg.
  • - le bouton noir présent sur ces appareils sert à dégorger les sélecteurs de monnaie au cas où une pièce de monnaie se coincerait par accident.
  • - en cas de solde débiteur, l'usager dispose d'environ 10 secondes pour créditer l'appareil, sous peine d'être coupé et l'appareil raccroché en interne.
  • - le canal 20c est volontairement obturé et désactivé depuis Juin 1979, car vu le prix de la taxe de base d'alors, la caissette à monnaie avait tôt fait d'être remplie à bloc par la petite monnaie, ce qui posait des problèmes de fréquence de relevage à l'administration des télécommunications.
  • - de la fin des années 1980 aux années 1990 ces publiphones seront équipés d'un clavier anti-vandalisme à la place du cadran téléphonique administratif, afin de fiabiliser le fonctionnement de l'appareil et de le moderniser.

- Type TE80 interurbain à clavier, automatique, à monnaie, via 4 sélecteurs de pièces différentes 1/2F, 1F, 2F et 5F semeuse Roty (1983) équipé d’un circuit téléphonique identique à celui des postes agréés S63 à courant réduit.

Il est équipé d'un afficheur à cristaux liquides (une première en France), indiquant le crédit disponible de communication et ce directement en francs.

L'architecture interne reprend le principe du T900 de deux grands circuits imprimés enfichables : une carte logique et une carte analogique.

le choix du type de réception de taxation, 50Hz ou 12kHz s'effectue simplement par un micro-interrupteur dans l'appareil...

Ce modèle est livré neuf à partir de Juin 1984 jusques en 1987. Prix initial de cession : 13445 francs.

45.000 Publiphones Type TE80 furent installés en France.

Poids : 57 kg.

(le numéro de nomenclature des PTT de cet appareil est 721-152 J)

Conçu et fabriqué par Landis & Gyr. (mais également fabriqué par Crouzet.)

TE80

1983.11.21CabineTE80NumCnet015420

Ci-dessus : publiphone TE80 Landis & Gyr (type1).

  • exemplaire de présérie équipé d'un combiné en plastique ABS noir (remplacé par modèle gris peu après).
  • cache technique, en acier inox, frappé du logo Télécommunications (cadran) sur les premières séries fabriquées (logo supprimé par la suite).

Photographie PTT - 21 novembre 1983 - Coll. Orange DANP

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TE80troisquart

TE80CompTechOuvert2

Ci-dessus : vue de 3/4 d'un TE80 Landis & Gyr de 1987 (type 2) équipé d'un tiroir de caisse. Collection personnelle C. R-V.

Ci-dessus : vue d'un TE80 Landis & Gyr de 1987 compartiment technique ouvert. Collection personnelle C. R-V.

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TE801ereVersionAvecLogoCadran

Ci-dessus : vue d'un TE80 de type 1, donc avec compartiment de caisse de 1ère génération. 

  • De plus, il s'agit là d'un des tous premiers TE80 produits : présence de l'empreinte du cadran téléphonique embouti en léger relief dans la façade en inox.

Photographie PTT - 1984 - Coll. C. R-V.


TE80ChaineMontageMontluconLG

Ci-dessus : chaîne de montage des publiphones TE80 (type 1) à Montluçon, à l'usine Landis & Gyr. Photographie Revue Française des Télécommunications.

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Le TE80 constitue, sans aucun doute possible, l'appareil le plus fiable, le plus robuste, le plus résistant au vandalisme et à la fraude qui ait été conçu en France, et probablement dans le monde. L'appareil, ultra-renforcé, pèse tout de même 57 kg, ce qui est logique vu que sa carrosserie est constituée d'acier inox et d'acier forgé... Ce publiphone est bien plus solide que les petits coffres forts d'appartement.

Mis en étude en 1978 suivant un cahier des charges exigeant établi par le CNET, il est conçu et fabriqué principalement par la société Landis & Gyr.


Le TE80 a fait l'objet de plusieurs améliorations au niveau de sa carcasse.

  • - Septembre 1985, Landis & Gyr : renforcement de la porte de compartiment de caisse.
  • - Janvier 1987, Crouzet : nouvelle porte compartiment caisse renforcée. conçue par le CNET avec serrure en façade de l’appareil (serrure sur le côté droit abandonnée).
  • - Février 1987, Landis & Gyr : nouveau compartiment caisse haute sécurité équipé d’un tiroir en lieu et place du compartiment équipé d’une porte.
  • - Février 1987, Landis & Gyr et Crouzet : renforcement du compartiment technique ; homogénéisation avec le compartiment caisse : protection de la serrure de compartiment technique par entretoises internes rajoutées, renfort extérieur autour et par-dessus le canon de la serrure (version présentée sur ce site).

Le TE80 est le premier publiphone en France a être équipé d'un microprocesseur (en l'occurrence le Cosmac 1802 de RCA, très primitif mais très fiable, si bien qu'il soit toujours en fabrication depuis 1976 et utilisé dans certains satellites modernes, ainsi que dans les sondes spatiales Voyager 1 et Voyager 2 lancées en 1977 vers les confins de notre système solaire et qui sont toujours en fonctionnement en 2015).

Ce microprocesseur exécute un programme de fonctionnement dont les instructions sont programmées dans 3 puis 4 EPROM de type 27C16, remplacées par la suite par une EPROM 27C64.

Le TE80, grâce à son fonctionnement assuré par microprocesseur et à la présence du programme de fonctionnement implanté dans les EPROM, est un appareil évolutif : il peut ainsi être reprogrammé facilement par la réinscription dans ses circuits de mémoires de nouveaux programmes qui suivent, par exemple, l'évolution du plan de numérotage téléphonique progressif, ou encore de la correction de bugs de fonctionnement ou encore de tentatives de fraudes.

Autre fait nouveau : la programmation permet en outre de pouvoir appeler des numéros d'urgence et/ou gratuits préprogrammés dans la mémoire, et ce sans besoin d'introduire de pièces de monnaie.

(cas d'appel des services de Police, des Pompiers, des Dérangements ou des Numéros Verts / Appels Gratuits)

En revanche, toute tentative d'établir une communication payante sans introduction d'argent provoque la coupure immédiate de la ligne téléphonique, ainsi qu'un raccroché interne, et ce même si le combiné n'est pas raccroché physiquement.

Les versions successives connues du logiciel interne sont les suivantes :

  • - Avril 1984 : version 1AA (d’origine) sur 3 mémoires 27C16 (affichage du crédit en Taxes de Base à l’origine).
  • - Juillet 1984 : version 1AB sur 3 mémoires 27C16 (affichage du crédit en francs et centimes désormais).
  • - Juillet 1985 : version 1AC sur 3 mémoires 27C16 (dont corrections de bugs et antifraude suite à chocs violents contre le clavier).
  • - Juillet 1986 : version 1AD sur 3 mémoires 27C16 (élimination de fraudes à la numérotation en fréquences vocales avec composeur de numéros extérieur, via le microphone).
  • - Février 1987 : version 1AE sur 4 mémoires 27C16 (ou sur 1 mémoire 27C64) (dont corrections de bugs et élimination de fraudes aux numéros gratuits).
  • - Xxxxx 19xx ? version 2AE sur 4 mémoires 27C16 (ou sur 1 mémoire 27C64) (corrections de bugs).
  • - Xxxxx 19xx ? version 3AE sur 4 mémoires 27C16 (ou sur 1 mémoire 27C64) (corrections de bugs).
  • - Juin 1995 : version 1CA sur 4 mémoires 27C16 (ou sur 1 mémoire 27C64) (passage à la nouvelle numérotation NNT3 à 10 chiffres).

Mais bug sur version 1CA, lors de la prise de ligne lorsque le publiphone est appelé : un relais bistable du circuit de numérotation au clavier a une chance sur deux d’être mal positionné, ce qui provoque un affaiblissement du volume et des aiguës dans l’écouteur. Possibilité de revenir aux logiciels précédents, les versions 3AE, 2AE ou 1AE donnant toute satisfaction même en numérotation à 10 chiffres.


Le TE80 est en outre pourvu d'un programme d'auto-test interne séquentiel, accessible au technicien de maintenance qu'il lance par pression sur un simple bouton poussoir. Ce programme permet notamment de tester rapidement et de manière approfondie le fonctionnement :

  • - des touches du clavier et de son générateur de fréquences vocales,
  • - de l'afficheur LCD,
  • - de l'écouteur du combiné, (et indirectement du microphone par auto-écoute)
  • - de l'intégrité de la mémoire qui surveille la caissette à monnaie,
  • - des électroaimants de l'appareil,
  • - des détecteurs de présence et de passage des pièces de monnaie,
  • - de tout le fonctionnement de calcul monétaire accompli par le programme informatisé,
  • - du cheminement et de l'encaissement électro-mécanique via les sélecteurs de tri et les canaux d'accumulation de monnaie.

Le TE80 comptabilise même les défauts de fonctionnement au long cours et cesse de fonctionner lorsque le nombre de défaillances constatées dépasse un seuil préprogrammé jusqu'à la relève des dérangements par un technicien.


Afin de pouvoir tester certains rapidement les quelques organes qui ne peuvent pas l'être par le logiciel d'autotest du TE80, il a même été spécialement conçu par la société Landis & Gyr en 1988 une Carte Test spéciale TE80 qui se branche en lieu et place de la Carte Analogique :

  • - les fonctions de base énergétiques ( test de la tension du condensateur d'alimentation de très grande capacité, de sa tenue de charge et de sa décharge ; test de la tension de la batterie interne Cadmium Nickel de type 7VB10E SAFT de 7,2 ou 8,4 volts en haute impédance ou en charge),
  • - le contacteur bipolaire à deux directions couplé au crochet de prise de ligne, avec visualisation directe de l'état des contacts par diodes électroluminescentes,
  • - l'écouteur du combiné téléphonique en condition d'utilisation intensive grâce à un oscillateur multivibrateur installé sur la Carte Test TE80.
  • - le raccordement de la ligne d'arrivée téléphonique, grâce à un bornier bipolaire a & b et sa bonne connexion électrique effective jusqu'au connecteur de la Carte Analogique, en testant par la même occasion la Carte de Fond de Panier qui tombait parfois en panne (en cas de connecteurs endommagés)

Chaque Centre Principal d'Exploitation voyait son service du Téléphone Public pourvu d'une unique Carte Test TE80, d'où la rareté actuelle d'un produit usiné à quelques centaines d'exemplaires et dont fort peu doivent subsister à ce jour... L'équipe du CPE Élysées avait bien voulu me céder leur unique exemplaire avant destruction, lorsque le dernier TE80 démonté fut envoyé à la casse...

CarteTestTE80vueFace

CarteTestTE80vueProfil

Ci-dessus : Photographies de la Carte Test TE80. © Collection personnelle C. R-V.


Le TE80 est le publiphone à pièces le plus perfectionné et le plus abouti de l'histoire et quasiment inviolable, mais il est aussi le plus cher : il paraît qu'à sa sortie en 1983 son prix était supérieur à 10.000 francs... De plus, son esthétique droite, simple et minimaliste en fait un appareil indémodable de choix.


À noter qu'un TE80 modifié, dont les parties en acier sont peintes en gris, a été produit pour l'exploitation privée. Il n'est équipé que de trois sélecteurs de monnaie : 1F, 2F et 5F semeuse Roty. Nous pouvions notamment le retrouver dans les hypermarchés.

PubliphoneTypeTE80Prive3



Il a bien existé à France-Télécom le projet d'adapter les publiphones TE80 au passage à l'euro, par :

  • - une nouvelle programmation logicielle,
  • - le changement nécessaire de tous les sélecteurs monnayeurs mécaniques (nouvelles fentes d'insertions et nouveaux réglages en usine des chemins de pièces),
  • - le changement des canaux d'accumulation et d'encaissement (nouveaux réglages d'usine des capteurs d'alliage).

Mais finalement il y a été renoncé en 2001 pour cause de coût.

Exemple d'un raté de l'Histoire :

En lieu et place, une petite partie des TE80 a été reconvertie à l'euro pour l'exploitation publique ou privée, mais par une sorte d'adaptation ou de reconversion faite au rabais par les fabricants, ayant consisté à vider l'appareil de tout son équipement technique de qualité et en le remplaçant par un compartiment technique au rabais tenant plus du téléphone intérieur à monnaie que de l'appareil majestueux qu'il fut...

Notons dans ce TE80 transformé en téléphone intérieur à monnaie que 3 sélecteurs sur 4 sont obturés - notons en outre le grand vide qui règne dans l'appareil comparé au TE80 originel...

TE80TransformeEuro

Cet ersatz de téléphone à pièces ne peut donc pas être considéré comme un authentique publiphone mais comme une solution transitoire avant son démantèlement progressif.


Nota : France Télécom n'a ensuite jamais commandé de publiphones à pièces de 2ème génération à la société Crouzet, devenue entre-temps Monétel. L'exploitant a préféré exploiter ses excellents publiphones 1G de type TE80, conçus par Landis & Gyr, qui furent aussi fabriqués par Crouzet, étant donné leur fiabilité et leur résistance au vandalisme inégalable.

La gamme Monétel de publiphones à pièces produite à partir de 1992 demeurait trop fragile face au vandalisme, qui est une "institution" en France.

Retrouvez cette gamme non adoptée par France Télécom ci-dessous :


Relève, Tri et Comptage de la monnaie.

  • Une fois les caissettes relevées, il faut aussi effectuer le tri et le comptage de la monnaie... Opération fastidieuse heureusement automatisée.
  • À Partir de la fin des années 1980', de nouvelles Compteuses-Trieuses automatiques, à détection électromagnétique des alliages, très fiables, sont adoptées par l'Administration : il s'agit de la Compteuse-Trieuse TITAN 2048 produite par la société Inter Innovation Roulomat  dont voici la documentation commerciale.

Fin des publiphones à pièces.

  • Suivant les Directions Opérationnelles, les publiphones à pièces disparaissent définitivement de la voie publique entre 1991 et la fin 2001 juste avant l'arrivée de l'euro.
  • Certains bars pourvus de Types 900 ou de TE80 ont fait de la résistance quelques années en utilisant les pièces en francs comme jetons qu'ils échangeaient aux clients pour pouvoir téléphoner...
  • Dans certains villages, LA seule cabine TE80 est alors transformée en Uniphone de sécurité, en bouchant les fentes monétaires à l'aide d'une plaque métallique.
  • Depuis lors, les publiphones à pièces qui ne sont pas partis à la refonte se retrouvent en vente sur internet :
  • cliquez ici svp.
  • Et finissent parfois chez des collectionneurs ou autres amateurs, tel votre serviteur...


Histoire de la Publiphonie Française © Claude Rizzo-Vignaud, 25 mai 2023.